“L’entreprise a longtemps eu un visage. Peut-être faut-il simplement le lui rendre.”
⭕ On demande à l’entreprise d’innover, de produire, de payer ses fournisseurs, ses salariés et, par ses impôts, de financer une grande partie de la solidarité nationale. Puis, lorsqu’elle réussit, on lui demande presque de s’en excuser. Entre ces deux exigences, une réalité s’est perdue : la reconnaissance. Sans l’entreprise, il n’y a ni État social, ni services publics, ni souveraineté économique.
Longtemps, la France a honoré ceux qui créaient : les industriels, les couturiers, les fondateurs qui bâtissaient des emplois, des usines, parfois même des écoles et des logements. Aujourd’hui, la réussite est trop souvent suspecte, l’entrepreneur trop facilement désigné comme responsable de déficits dont il n’est pas l’auteur.
Mais une entreprise n’est pas un logo. C’est une œuvre humaine : une intuition, des décisions, des crises traversées, des parcours construits. Elle réunit une multitude de métiers — fondateurs, financiers, techniciens, designers, logisticiens, artisans… — bien au-delà des clichés que s’en font parfois les jeunes. L’entreprise a un rôle essentiel : montrer ces métiers, ouvrir ses portes, proposer des stages, transmettre une culture, éveiller des vocations.
Changer l’image de l’entreprise ne consiste pas à la repeindre en institution parfaite. C’est accepter de la voir pour ce qu’elle est : un lieu où se croisent des volontés et des doutes, des cultures et des parcours. Un lieu où l’on apprend, où l’on progresse, où l’on grandit.
Mais l’entreprise n’est pas une ONG. Tous les services qu’elle apporte doivent être financés pour assurer ses comptes, rémunérer ses salariés et ses actionnaires. Elle n’a pas à promettre un monde idéal, seulement à assumer ce qu’elle peut faire réellement : respecter ses clients, transmettre un savoir-faire, offrir un cadre d’évolution, assumer des choix — même impopulaires.
Si l’entreprise souffre d’image, c’est peut-être parce qu’on ne parle d’elle que lorsqu’elle échoue : grèves, fermetures, plans sociaux… La plupart construisent pourtant en silence. Elles inventent, forment, emploient, réparent parfois. Elles font grandir des femmes et des hommes.
Le vrai changement de regard viendra le jour où nous accepterons de raconter aussi les réussites, d’accompagner les audaces et de reconnaître que la prospérité n’est pas un péché, mais une responsabilité.
Changer l’image de l’entreprise, ce n’est pas lui fabriquer une légende.
C’est lui rendre sa dignité.
Et si, avant de lui demander de tout réparer, nous commencions par regarder ce qu’elle apporte réellement ?